Les activités qui ont eu lieu en 2023-2024.
En ouvrant les onglets vous voyez les informations, une liste des séances avec des liens vers l'activité (en cliquant dur la date) et/ou des liens pour télécharger des documents directement.
Dans l'atelier de lecture philosophique, nous continuons cette année la lecture et le commentaire de l'Éthique de Spinoza.
L'objectif des ateliers est de permettre d’acquérir une culture philosophique personnelle et de stimuler la réflexion en commun par le biais de la lecture des textes et d’une discussion encadrée.
Nous commençons le 9 octobre 2023 avec la cinquième partie de l'Éthique: La puissance de la compréhension ou de la liberté humaine (De potentia intellectus seu de libertate humana)
La lecture de cette partie est ouverte à toutes et à tous, aussi à celles et à ceux qui n'ont pas assisté à la lecture des autres parties. En effet, les renvois aux autres parties seront explicités et expliqués au fur et à mesure de la lecture.
Concernant l’édition, nous lisons la version bilingue présenté et traduite par Bernard Pautrat et publiée chez Seuil dans la collection Points et complété par l'édition critique publié en 2020. Le texte est aussi accessible sur Internet via les liens ci-dessous.
UP Graines de Savoirs, année 2022-2023 par Carol Battistini
François Longchamp et Françoise Maurel, depuis longtemps investis dans l’animation de l’atelier Préparer demain, ont décidé de passer la main (ce qui ne signifie pas qu’ils nous quittent). Des années riches d’échanges et de découvertes durant lesquelles auront été soulevées des questions essentielles, essentielles aujourd’hui et plus encore demain. Toutes portent sur le vivre ensemble, entre humains bien sûr, mais aussi avec d’autres êtres vivants. Auront ainsi été abordées les questions :
- de l’habitat (en particulier l’habitat participatif et écologique),
- de la gestion de l’eau,
- d’une agriculture soucieuse de la vie des sols et du bien-être animal,
- des pratiques médicales,
- des échanges économiques en circuit court
- de la solidarité internationale
- des communs
Ces questions auront été nourries par des présentations et des discussions internes au groupe, par des lectures, par l’apport d’intervenants extérieurs, par des visites permettant de donner un caractère concret aux sujets abordés.
Merci à Françoise et François pour leur énergie, leur compétence et leur générosité, ainsi qu’à l’ensemble des participants sans qui cet atelier ne pourrait ni exister, ni rayonner. Eric Lorfeuvre et moi-même allons tenter de poursuivre avec vous, avec de nouveaux arrivants (nous l’espérons !), ce travail fécond.
La dernière rencontre de l’an passé, Bilan et perspectives du mois de mai 2022, fait apparaître des points dont nous essaierons de tenir compte. Nous apporterons aussi notre patte à l’animation de ces réunions.
Nous vous invitons donc à rejoindre cet atelier, pour aiguiser ensemble notre regard sur le monde et pour permettre à ceux qui le souhaitent de participer à la construction d’un demain désirable, dans un contexte d’urgence écologique, social et démocratique.
L’atelier se tiendra le mardi soir à 18H, une fois par mois, au collège Henri Laugier la plupart du temps, sans exclure d’autres lieux en fonction des pratiques que nous adopterons.
9 octobre : -La source d'Anne-Marie Garat présenté par François Faure -Les nuits de la peste d'Orhan Pamük présenté par Marie-Jo Graber
13 novembre : rentrée littéraire présentée par Marie-Aube Ruault
11 décembre : -Nathalie Sarraute en parcourant Tropisme, Pour un oui pour un non, Enfance présenté par Thérèse Barrère -W ou le souvenir d'enfance de Georges Pérec présenté par Isabelle Odekerken
15 janvier : -Lorsque le dernier arbre de Michaël Christie présenté par Agnès Bourdelain -Pourquoi j'ai mangé mon père de Roy Lewis présenté par JL Odekerken
12 février : -Bel abîme de Yamen Manai présenté par Brigitte Madaceno -Alexis Zorba de Nikos Kazantzakis présenté par Jean-Louis Cabanne
18 mars : -Ecrivains d'Antoine Volodine présenté par Marie-Line Cencig -Choix de thème pour l'année suivante
Rentrée littéraire 2023
les coups de cœur de la Carline
présentés par Marie-Aube le 13/11/2023
au café littéraire de l'UP Graines de savoirs
Littérature française
Veiller sur elle – Jean-Baptiste Andéa – éd. L'iconoclaste – 22,50 €, 580 pages
Prix Goncourt
Au grand jeu du destin, Mimo a tiré les mauvaises cartes. Né pauvre, il est confié en apprentissage à un sculpteur de pierre sans envergure. Mais il a du génie entre les mains. Toutes les fées ou presque se sont penchées sur Viola Orsini. Héritière d'une famille prestigieuse, elle a passé son enfance à l'ombre d'un palais génois. Mais elle a trop d'ambition pour se résigner à la place qu'on lui assigne. Ces deux-là n'auraient jamais dû se rencontrer. Au premier regard, ils se reconnaissent et se jurent de ne jamais se quitter. Viola et Mimo ne peuvent ni vivre ensemble, ni rester longtemps loin de l'autre. Liés par une attraction indéfectible, ils traversent des années de fureur quand l'Italie bascule dans le fascisme. Mimo prend sa revanche sur le sort, mais à quoi bon la gloire s'il doit perdre Viola ? Un roman plein de fougue et d'éclats, habité par la grâce et la beauté.
Triste tigre – Neige Sinno – éd. P.O.L – 20 €, 283 pages
Prix Femina
J'ai voulu y croire, j'ai voulu rêver que le royaume de la littérature m'accueillerait comme n'importe lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais même à travers l'art, on ne peut pas sortir vainqueur de l'abjection. La littérature ne m'a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée.
Que notre joie demeure – Kevin Lambert- éd. Le nouvel Attila – 19,50 €, 360 pages
Prix Médicis et prix Décembre
Architecte millionnaire partie de rien, Céline Wachowski a sa série sur Netflix et des contrats dans le monde entier. Egérie de la modernité, elle est convaincue d'apporter de la beauté au monde. Mais voilà, son projet le plus ambitieux est stoppé net par une polémique : accusée de favoriser la gentrification, elle voit condamnées sa stratégie et ses méthodes de travail. En quelques jours, elle est renvoyée de sa propre entreprise, et amorce une traversée du désert qui l'amène à une méditation sur la culpabilité. Quand l'élite perd pied, quel récit conçoit-elle pour justifier ses privilèges et asseoir sa place dans un monde dont elle a elle-même établi les règles ? "Il faut rester attentifs aux rayons noirs qui parviennent du fond des âges et continuent d'obscurcir notre monde trop blanc, trop clair, Céline sait défendre la nécessité de l'opacité, c'est un réflexe naturel, presque vital chez elle".
Proust, roman familial – Laure Murat – éd. Robert Laffont – 20€ , 251 pages
Prix Médicis essai
Un roman qui médite sur le pouvoir émancipateur de la littérature : Toute mon adolescence, j'ai entendu parler des personnages d'A la recherche du temps perdu, persuadée qu'ils étaient des cousins que je n'avais pas encore rencontrés. A la maison, les répliques de Charlus, les vacheries de la duchesse de Guermantes se confondaient avec les bons mots entendus à table, sans solution de continuité entre fiction et réalité. Car le monde révolu où j'ai grandi était encore celui de Proust, qui avait connu mes arrières-grands-parents, dont les noms figurent dans son roman. J'ai fini, vers l'âge de vingt ans, par lire la Recherche. Et là, ma vie à changé. Proust savait mieux que moi ce que je traversais. il me montrait à quel point l'aristocratie est un univers de formes vides. Avant même ma rupture avec ma propre famille, il m'offrait une méditation sur l'exil intérieur vécu par celles et ceux qui s'écartent des normes sociales et sexuelles. Proust ne m'a pas seulement décillée sur mon milieu d'origine. Il m'a constituée comme sujet, lectrice active de ma propre vie, en me révélant le pouvoir d'émancipation de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec le Temps.
Western – Maria Pourchet – éd. Stock – 20,90€, 293 pages
Prix de Flore
"J'entends par western un endroit de l'existence où l'on va jouer sa vie sur une décision". Éternelle logique de l'Ouest à laquelle se rend le célèbre comédien Alexis Zagner quand, poussé par l'intuition d'un danger, il abandonne un rôle mythique - Dom Juan - et quitte brusquement la ville, à la façon des cow-boys. Quelles lois veut-il laisser derrière lui ? Qu'a-t-il fait pour redouter l'époque qui l'a pourtant consacré ? Et qu'espère-t-il découvrir à l'ouest du pays ? Pas cette femme, Aurore, qui l'arrête en pleine cavale et semble n'avoir rien de mieux à faire que le retenir et percer son secret. Tandis que dans le sillage d'Alexis se lève une tempête médiatique qui pourrait l'emporter, un face à face impudique s'engage entre les deux exilés. Dans ce roman galopant porté par une écriture éblouissante, Maria Pourchet livre, avec un sens de l'humour à la mesure de son sens du tragique, une profonde réflexion sur notre époque, sa violence, sa vulnérabilité, ses rapports difficiles à la liberté et la place qu'elle peut encore laisser au langage amoureux.
Les insolents – Ann Scott– éd. Calman-Lévy – 18€, 195 pages
Prix Renaudot
"A la sortie de la petite gare, en sentant la moiteur dans l'air et en voyant les palmiers sur le parking, elle a eu l'impression de débarquer dans un autre coin que le Finistère, quelque chose d'étrangement chaud, humide, enveloppant, et elle a su qu'elle allait être bien ici". Alex, Margot et Jacques sont inséparables. Pourtant, Alex, compositrice de musique de films, a décidé de quitter Paris. A quarante-cinq ans, installée au milieu de nulle part, elle va devoir se réinventer. Qu'importe, elle réalise enfin son rêve de vivre ailleurs et seule. Après La Grâce et les Ténèbres, Ann Scott livre un roman très intime. Son écriture précise et ses personnages d'une étonnante acuité nous entraînent dans une subtile réflexion sur nos rêves déçus, la solitude et l'absurdité de notre société contemporaine.
La mémoire délavée – Natacha Appanah – éd. Mercure de France – 17,50€, 160 pages
Ce poignant récit s'ouvre sur un vol d'étourneaux dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice. C'est alors le début d'une grande traversée de la mémoire, qui fait apparaître autant l'histoire collective des engagés indiens que l'histoire intime de la famille de Nathacha Appanah. Ces coolies venaient remplacer les esclaves noirs et étaient affublés d'un numéro en arrivant à Port-Louis, premier signe d'une terrible déshumanisation dont l'autrice décrit avec précision chaque détail. Mais le centre du livre est un magnifique hommage à son grand-père, dont la beauté et le courage éclairent ces pages, lui qui travaillait comme son propre père dans les champs de canne, respectant les traditions hindoues mais se sentant avant tout mauricien. La grande délicatesse de Nathacha Appanah réside dans sa manière à la fois directe et pudique de raconter ses ancêtres mais aussi ses parents et sa propre enfance comme si la mémoire se délavait de génération en génération et que la responsabilité de l'écrivain était de la sauver, de la protéger. Elle signe ici l'un de ses plus beaux livres, essentiel.
Le chien des étoiles – Dimitri Bouchon-Borie– éd. Le Tripode – 19€, 227 pages
« Écoutez bien ce que je vais vous dire parce que dans l'instant c'est la nuit qui parle pas moi et c'est une voix pure, alors je serai pas capable de la refaire ensuite ». Gio a vingt ans, peut-être un peu plus. Sa vie n'est plus la même depuis qu'un lâche lui a planté un tournevis dans le crâne. Désormais, Gio voit ce que peu de gens devinent. La beauté de la nuit. L'appel des chouettes. La grandeur de ses amis Papillon et Dolores. Étonnant road movie gitan, Le Chien des étoiles est le roman de leur destin, un périple cruel et doux dans le monde des humains.
Littérature étrangère
La sentence – Louise Erdrich – éd. Albin Michel – 23,90€, 434 pages
Prix Femina Étranger
Traduit de l’anglais (États Unis) par Sarah Gurcel
"Quand j'étais en prison, j'ai reçu un dictionnaire. Accompagné d'un petit mot : Voici le livre que j'emporterais sur une île déserte. Des livres, mon ancienne professeure m'en ferait parvenir d'autres, mais elle savait que celui-là s'avérerait d'un recours inépuisable. C'est le terme "sentence" que j'y ai cherché en premier. J'avais reçu la mienne, une impossible condamnation à soixante ans d'emprisonnement, de la bouche d'un juge qui croyait en l'au-delà". Après avoir bénéficié d'une libération conditionnelle, Tookie, une quadragénaire d'origine amérindienne, est embauchée par une petite librairie de Minneapolis. Lectrice passionnée, elle s'épanouit dans ce travail. Jusqu'à ce que l'esprit de Flora, une fidèle cliente récemment décédée, ne vienne hanter les rayonnages, mettant Tookie face à ses propres démons, dans une ville bientôt à feu et à sang après la mort de George Floyd, alors qu'une pandémie a mis le monde à l'arrêt... On retrouve l'immense talent de conteuse d'une des plus grandes romancières américaines, prix Pulitzer 2021, dans ce roman qui se confronte aux fantômes de l'Amérique : le racisme et l'intolérance.
Conquest– Nina Allan – éd. Tristram – 23,90€, 330 pages
Traduit de l’anglais par Bernard Sigaud
Le petit ami de Rachel, Frank, est différent des autres garçons. Rachel aime son innocence, son intelligence hors norme et sa passion dévorante pour la musique de Jean-Sébastien Bach. « Frank se plaisait à penser qu'une partie de son cerveau ne s'activait pleinement que lorsqu'il écoutait du Bach. » En tant que codeur informatique, ce qu'il perçoit d'abord, en chaque chose, ce sont les motifs et les structures. Alors que les théories de Frank basculent peu à peu dans l'irrationnel, Rachel commence à s'inquiéter. Des gens, avec lesquels Frank dialogue sur le Net, partagent ses obsessions et veulent le convaincre " qu'il a un rôle important à jouer ". Malgré les craintes de Rachel pour sa sécurité, Frank est décidé à aller rencontrer ces personnes, à Paris. Lorsque Frank disparaît, Rachel sollicite l'aide de Robin, une détective qui a quitté la police. Comme Frank, Robin est passionnée par la musique de Bach. Comme Frank, elle semble avoir des relations dans le milieu criminel londonien. Robin et Rachel croient découvrir l'explication des projets de Frank dans un obscur roman de science-fiction des années 1950, La Tour. Cela ne les aide pas à savoir où il se trouve, mais à mesure que leur enquête progresse elles se demandent si la folle théorie défendue par Frank - ; d'une guerre menée par une puissance venue d'ailleurs - ; n'aurait pas un fond de vérité... Dans Conquest - ; son nouveau roman d'investigation, après le succès de La Fracture - ; Nina Allan met en scène le besoin qu'ont les humains d'établir sans cesse des liens entre les faits, de leur donner des causes, de prévoir leurs conséquences, quitte à sortir de la raison ordinaire.
Le café sans nom – Robert Seethaler – éd. Sabine Wespieser – 23€, 246 pages
traduit de l'allemand (Autriche) par Élisabeth Landes et Herbert Wolf
En cette année 1966, Robert Simon décide de prendre un nouveau départ, la trentaine venue. Employé journalier au marché des Carmélites, dans un faubourg populaire de Vienne, il réalise son vieux rêve et redonne vie au café laissé à l'abandon devant lequel il passe chaque jour. C'est avec sa coutumière attention aux détails que le grand écrivain Autrichien évoque les destinées modestes de ceux qui deviendront les habitués du Café sans nom. Depuis Le Tabac Tresniek (2014), Seethaler n'avait plus mis en scène sa ville natale : ses descriptions de Vienne renaissant de ses cendres vingt ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale ont ici une tendresse et une saveur particulières.
Au bon vieux temps de Dieu – Sebastian Barry – éd. Joëlle Losfeld – 22€, 252 pages
traduit de l'anglais (Irlande) par Laetitia Devaux
Tom Kettle, un inspecteur de police fraîchement retraité, coule des jours tranquilles à Dalkey, une petite station balnéaire de la banlieue dublinoise. Il a pour seule compagnie ses voisins et le souvenir encore vif de ses proches : sa femme, June, mais aussi sa fille et son fils, Winnie et Joseph, tous prématurément disparus. Lorsque d'anciens collègues viennent frapper à sa porte pour lui demander son aide dans une vieille affaire d'abus sexuels au sein de l’Église, Tom est mis face à un passé et à un secret douloureux. A mesure que l'histoire avance, les souvenirs émergent : il y a eu la violence des prêtres de l'orphelinat, son enfance malmenée, et surtout celle de June, victime de viols perpétrés par le père Matthews. Il y a eu l'enquête, étouffée à l'époque. Et puis le corps du père, retrouvé dans les montagnes de Wicklow. Aperçu sur les lieux du crime, Tom est suspecté.
La contrée obscure – David Vann – éd. Gallmeister – 26€, 506 pages
traduit de l'anglais (États Unis) par Laura Derajinski
Le 3 juin 1539, le conquistador espagnol Hernando de Soto enfonce son épée dans le sol de La Florida et s'en proclame gouverneur officiel, adoubé par le roi Charles Quint. Au terme d'un périlleux voyage, après avoir bravé la fougue de la mer et la rage de ses ennemis, le voilà enfin face à son destin. A lui les richesses, à lui la gloire : il bâtira là une nouvelle cité qui portera son nom. Aveuglé par l'ambition, obsédé par l'or, de Soto déferle sur les terres avec ses conquistadors. Mais ces nouvelles contrées se révèlent hostiles, peuplées de Cherokees lui opposant une résistance farouche. Face à l'avidité des Espagnols, leur combat se nourrit des mystères de la création et de mythes. Comme celui de l'Enfant Sauvage qui renaît chaque jour, et avec lui, la soif salvatrice de sang. Explorant l'héritage de ses ancêtres Cherokees, David Vann signe une œuvre virtuose, à la fois intime et universelle, sur le choc sanglant des cultures.
La danse des damnées – Kiran Millwood Hargrave – éd. Robert Laffont – 22€, 345 pages
traduit de l'anglais par Sarah Tardy
Strasbourg, 1518. Dans la chaleur étouffante de l'été, une femme se met à danser sur la place de la ville. Elle danse des jours durant, sans s'arrêter, infatigable, possédée, avant d'être rejointe, petit à petit, par des centaines d'autres femmes. Non loin de là, Lisbet est enceinte. Aux côtés de son mari et de sa belle-mère, elle s'occupe des ruches et de leurs abeilles, en attendant le retour d'Agnethe, sa belle-soeur, purgeant sept ans de pénitence dans les montagnes pour un crime que tous taisent. Alors que la ville semble s'effondrer sous la chaleur et les pas des danseuses, Lisbet se retrouve prise dans un tourbillon de secrets, d'interdits et de passion, une mélodie à en perdre la raison... Situé dans une époque de superstition, d'hystérie et de grands changements, ce roman, inspiré de faits réels, est le récit enivrant de ces femmes, grandes damnées de l'Histoire, mais surtout une bouleversante histoire d'amour et de résilience.
Le tiers pays – Karina Sainz Borgo – éd. Gallimard – 23€, 295 pages
traduit de l'espagnol (Venezuela) par Stéphanie Decante
Visitación Salazar est l'extravagante, gigantesque et mythique fondatrice d'un cimetière illégal aux confins de la sierra orientale et de la sierra occidentale, quelque part en Amérique latine. Il est appelé le Tiers Pays et c'est là que veut absolument se rendre une jeune migrante, Angustias Romero. Après avoir traversé clandestinement le désert et la frontière avec sa famille, cette ancienne coiffeuse, qui a tout laissé derrière elle, se retrouve seule, épuisée, complètement perdue. Elle n'a plus qu'un but : donner une digne sépulture aux siens. Or, le cacique local, les passeurs, les guérilleros, les narcotrafiquants et les militaires voudraient faire disparaître le Tiers Pays et récupérer le contrôle d'une région où tous les trafics sont possibles. Mais c'est compter sans le courage de Visitación et d'Angustias - nos deux Antigone modernes -, qui vont s'allier pour affronter, par tous les moyens, cet univers masculin de domination, de violence et de corruption. Après le succès de La fille de l'Espagnole, Karina Sainz Borgo signe ici un deuxième roman remarquable. Inspiré de faits réels, Le Tiers Pays offre une narration qui évolue au fur et à mesure que l'intrigue se développe et mélange brillamment les genres du témoignage, du thriller, du western et de la tragédie antique, avec un hommage à peine voilé à Faulkner et à Rulfo.
Paradise Nevada – Dario Diofebi – éd. Albin Michel – 23,90€, 644 pages
traduit de l'anglais (États Unis) par Paul Matthieu
Prix Transfuge du meilleur roman anglophone
"Tel est le premier paradoxe de Las Vegas : l'hôtel-casino de luxe Positano était le cœur battant de l'euphorie du vendredi soir, et c'était notre aussi notre chez-nous. Érigé en plein centre du Strip, la ville s'enroulait tout autour en une spirale concentrique où se côtoyaient la magie et la banalité, boîtes de strip-tease et résidences d'étudiants, stands de tir et magasins Walmart, pistes d'atterrissage pour jets privés et arrêts de bus menant à de lointaines banlieues plongées dans le silence et le désespoir. Impossible pour nous d'expliquer ce qui s'est passé le soir de l'incendie sans poser d'abord ce fait établi, à savoir qu'une ville peut être à la fois fiction et réalité, paradis et vrai lieu de vie. Nous tous ici devons en prendre la mesure, tôt ou tard". A la croisée des univers de Tom Wolfe, de David Foster Wallace et de Jonathan Franzen, Dario Diofebi compose un grand roman américain, récit hors norme et plongée au coeur de Las Vegas à la rencontre de l'Amérique, ses rêves les plus fous et ses revers de fortune. La naissance d'un écrivain prodige.